Les portraits de Victor Hugo



















Troussés d'une plume alerte, parfois enrichis de lavis, les portraits de Hugo tiennent souvent de la caricature. L'expressivité et le ridicule s'y côtoient pour mieux moquer les puissants. De temps à autres, le poète se fait toutefois plus tendre, quand il capte l'attitude de sa petite Adèle jouant au cerceau, ou plus fantastique, dans une tête aux traits diaboliques.
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Le Roi n’a pas été blessé ! !!
Le roi Louis-Philippe a fait l’objet de plusieurs attentats. Cette caricature pourrait être une allusion à l’attentat de Fieschi contre le roi, le 28 juillet 1835. Alors que le roi et ses fils se rendaient à la Bastille pour y célébrer l’anniversaire des Trois glorieuses, une machine infernale explosa devant le n° 50 du boulevard du Temple. Le roi et les princes furent saufs, mais le maréchal Mortier, notamment, y laissa la vie. Fieschi, lui-même blessé, fut arrêté, jugé et décapité.
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"Approuvant le coup d’État Ah ! l’empereur est malin ! "
Ce retour au thème du coup d’État, plus de dix ans après, ne manque pas d’étonner.
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L’avocat
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"Je vous répète que cette littérature moderne fait frémir ! "
Comme le personnage de Pista, celui-ci est réduit à une tête posée sur deux jambes. Cette caricature vise naturellement les classiques.
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© Maison Vacquerie-Musée Victor Hugo, Villequier – Dept. 76. Photographe Yohann Deslandes
"M. Bignan recevant le prix de poésie à l’Académie"
Tandis que Victor Hugo publiait Le Sacre de Charles X, Les Orientales, Bug-Jargal, Anne Bignan se montrait aussi à l’écoute des questions politiques et sociales de son siècle, comme en témoignent des œuvres comme L’Avènement de Charles X, La Grèce libre, L’Abolition de la traite des noirs. Mais il demeura fidèle à la tradition classique : nulle surprise que Victor Hugo en fasse sa cible ! Ses poèmes furent à plusieurs reprises couronnés par l’Académie française et par l’Académie des Jeux floraux.
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© PMVP
"Admire Napoléon III"
La légende de cette caricature tourne en dérision la cible favorite de Hugo.
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© Bibliothèque nationale de France
Tête de profil à droite
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Tête
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Profil féminin à droite
Ce profil féminin, exécuté d’un seul trait, au regard halluciné, évoque les dessins du Poème de la sorcière. On retrouve la même intensité du regard, avec un traitement moins tragique, dans certains dessins de 1856. Transparaît-il ici l’angoisse de Hugo pour la santé mentale de sa fille Adèle ?
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"Lanterne magic"
Cette caricature est sans doute une allusion aux événements qui ont précédé le traité de Koutaiah, le 4 mai 1833 par lequel le tzar, profitant de la défaite des Turcs à Koniah, s’installait à Constantinople. Le goût du surdimensionnement des images et objets qui se manifeste si souvent dans l’œuvre littéraire comme dans l’œuvre plastique de Victor Hugo trouve peut-être son origine dans les effets de loupe provoqués par la lanterne magique.
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© PMVP
Adèle au cerceau
Deux autres portraits contemporains d’Adèle figurent dans le même recueil.
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Tête de profil, tournée vers la droite au recto et vers la gauche au verso
Ce portrait, qui évoque le jeu d’ombres chinoises, a été réalisé à partir d’une tache ; l’encre ayant traversé la fine feuille de papier généralement utilisée pour les dessins de cette série, l’artiste a retravaillé le dessin au verso, comme il lui était arrivé de le faire dans certaines oeuvres.
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Figures que font les paysans quand ils voient les sarregousets
Ce n’est pas dans le chapitre où ce dessin a été monté, mais dans le précédent, qu’il est fait allusion aux sarregousets, ces autres personnages nés des superstitions guernesiaises : « La nuit, quand il tonne, si l’on voit des hommes voler dans le rouge des nuées et dans le tremblement de l’air, ce sont les sarregousets. Une femme, qui demeure au Grand-Mielles, les connaît. Un soir qu’il y avait des sarregousets dans un carrefour, cette femme cria à un charretier qui ne savait quelle route prendre : "Demandez-leur votre chemin ; c’est des gens bien faisants, c’est des gens bien civils à deviser au monde". Il y a gros à parier que cette femme est une sorcière. » (T. M., I, I, IV)
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Mess Lethierry
« Un être qu’un suroît transfigure et qu’une redingote abrutit, qui ressemble, les cheveux au vent, à Jean Bart, et, en chapeau rond, à Jocrisse, gauche à la ville, étrange et redoutable à la mer, un dos de portefaix, point de jurons, très rarement de la colère, un petit accent très doux qui devient tonnerre dans un porte-voix, un paysan qui a lu l’Encyclopédie, un Guernesiais qui a vu la Révolution, un ignorant très savant, aucune bigoterie mais toutes sortes de visions, plus de foi à la Dame blanche qu’à la Sainte Vierge, la force de Polyphème, la logique de la girouette, la volonté de Christophe Colomb, quelque chose d’un taureau et quelque chose d’un enfant, un nez presque camard, des joues puissantes, une bouche qui a toutes ses dents, un froncement partout sur la figure, une face qui semble avoir été tripotée par la vague et sur laquelle la rose des vents a tourné pendant quarante ans, un air d’orage sur le front, une carnation de roche en pleine mer ; maintenant mettez dans ce visage dur un regard bon, vous aurez mess Lethierry. » (T. M., I, II, IV.)
À comparer la caricature de Victor Hugo par Gill, L’Homme qui pense, on peut se demander si ce n’est pas un autoportrait, à la limite du portrait charge où Victor Hugo se serait représenté en vieux loup de mer.
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Propriétaire d’un coutre. Pas du tout fâché de la catastrophe
Placé au début du chapitre « La perle au fond du précipice », cette caricature, proche de celles que dessinent alors Victor Hugo, notamment dans Théâtre de la Gaîté, incarne les réactions d’envieux à la nouvelle de la perte de la Durande : « On entendait ce mot : quel malheur ! Plusieurs visages souriaient. » (T. M., I, VII, I)
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Parisien, dit Peaurouge
« Un moment après, l’arrière-porte se rouvrit et un homme se présenta dans l’entrebâillement. Cet homme avait une casquette et une blouse, et la saillie d’un objet sous sa blouse. Il avait des brins de paille dans les plis de sa blouse et le regard de quelqu’un qu’on vient de se réveiller. Il avança. On se regarda. L’homme en blouse avait l’air ahuri et fin. Il dit : "C’est vous l’armurier ? " Celui qui avait cogné répondit : "Oui. C’est vous le Parisien ? dit Peaurouge. Oui."
- Montrez.
- Voici."
L’homme tira de dessous sa blouse un engin fort rare en Europe à cette époque, un revolver [..] » (T. M., IV, VII)
Un autre dessin, antérieur à celui-ci, figure dans le carnet de 1864-1865 (NAF 13459, f. 25) : s’il porte, inversé, le même titre, « Peaurouge, dit Parisien », le portrait est différent.
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Autre bonhomme content du malheur
Comme le précédent, ce dessin doit être rapproché des nombreuses têtes caricaturales réalisées par Hugo alors ; ce « bonhomme » est l’expression des réactions malveillantes, lorsque se répand dans Saint-Sampson la nouvelle du naufrage de la Durande.
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Tête de trois-quarts à droite
Contemporaine de la rédaction de L’Homme qui rit, cette caricature fait écho à la réflexion : "Il est effrayant de penser que cette chose qu’on a en soi, le jugement, n’est pas la justice. Le jugement, c’est le relatif. La justice, c’est l’absolu. Réfléchissez à la différence entre un juge et un juste." (L’Homme qui rit, II, I, X.)
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Tête de profil à gauche
Le visage a entièrement été plongé dans le lavis : seuls les yeux et la bouche ont été traités en réserve, comme pour mettre l’accent sur la grimace. Dans Promontorium Somnii, Hugo notait d’ailleurs : "La grimace souligne la figure. C’est la physionomie poussée au noir."
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