La lyre cosmique de Robert Fludd

Robert Fludd, à qui ses contemporains reconnaissaient un grand esprit encyclopédique, était encore très influencé par l’ésotérisme. Soucieux de réconcilier la science de son époque avec une certaine métaphysique, il fut particulièrement séduit par l’idée que l’harmonie céleste puisse s’exprimer par la musique des sphères. Pour Fludd, cette harmonie, résultant d’une volonté divine explicite, parle directement à notre âme.
Dans cette illustration, la corde cosmique embrasse deux octaves de 7 notes chacune, ainsi que la hiérarchie familière des trois mondes : le monde angélique (3 ordres), le monde éthéré (7 ordres), le monde des éléments (4 ordres). Tout en haut, la main divine sort d’un nuage pour accorder l’instrument Univers. Les deux octaves – « dis-diapason », selon la terminologie de Fludd – s’étendent depuis un sol grave (G) associé à la Terre jusqu’à un sol aigu associé à l’Empyrée, en passant par le sol médian associé au Soleil (nous sommes dans un système géocentrique). Le diapason grave, reliant la Terre au Soleil, est le diapason de la matière. Le diapason aigu, reliant le Soleil à l’Empyrée, est le diapason de l’essence. La théorie musicale sous-jacente est le système harmonique attribué à Pythagore, qui a dominé l’histoire de la musique occidentale à travers l’Antiquité, le Moyen Âge et la Renaissance – avant l’introduction de la gamme tempérée au 17e siècle. Dans ce système, les intervalles entre notes distinctes sont déterminés par les rapports entre les quatre premiers nombres entiers. Les seuls rapports possibles sont 2/1, 3/1, 4/1, 3/2, 4/3. Le rapport 2/1 est la proportion dupla (l’octave), le rapport 3/1 est la proportion tripla (octave + quinte), le rapport 4/1 est la proportion quadrupla (double octave), le rapport 3/2 est le diapente (quinte) et le rapport 4/3 est le diatesseron (quarte).
Mots-clés
Bibliothèque nationale de France
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Date
1617
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Lieu
À Oppenheim (Allemagne), chez Johann Théodor de Bry, imprimeur libraire
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Auteur(es)
Robert Fludd (1574-1637), auteur
Hieronymo Galleri, typographe
Matthäus Merian (1593-1650), graveur -
Description technique
Imprimé, 206 p. avec figures, In-fol.
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Provenance
BnF, département de la Musique, RES F-884 (A), tome I, p. 90
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Lien permanent
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