Découvrir, comprendre, créer, partager

Article

Bernard de Fontenelle, esprit galant et savant

Portrait de Bernard de Fontenelle
Portrait de Bernard de Fontenelle

Bibliothèque nationale de France

Le format de l'image est incompatible
Engagé au côté des Modernes, Bernard de Fontenelle assiste, pendant les cent années que dure sa vie, au changement profond des mentalités qui s’opère entre le 17e et le 18e siècle. Poète de salon et auteur volontiers mondain, c’est aussi un savant féru de géométrie et confiant dans le progrès des sciences. Partisan des Modernes et membre de l’Académie des sciences, il n’hésite pas à critiquer les vérités reçues qui n’auraient pas été passées au crible du raisonnement. 
 

Des débuts galants

Neveu de Corneille, Bernard de Fontenelle est né à Rouen. Il montre vite un joli talent dans les petits genres poétiques : il donne à vingt ans des poèmes au Mercure galant dirigé par Donneau de Visé et par son oncle Thomas Corneille.

La Comédie de la Devineresse, par Thomas Corneille, 1680
La Comédie de la Devineresse, par Thomas Corneille, 1680 |

Bibliothèque nationale de France

En même temps, sa Lettre sur La Princesse de Clèves manifeste son aptitude à la critique. Il écrit aussi avec facilité livrets d'opéras et petites comédies. L'échec de sa tragédie Aspar donne, en 1680, un net coup de frein à une carrière si prometteuse. Il l'oriente alors différemment.

Le vulgarisateur scientifique

Sans renoncer à la poésie galante ni au théâtre, qu'il pratiquera fort longtemps encore, il mets en application le rationalisme critique qu'il doit à Descartes, à qui il restera fidèle, en dépit des progrès du newtonianisme, jusqu'à sa mort.

Descartes composant son système du monde
Descartes composant son système du monde |

Bibliothèque nationale de France

Cinq figures d’astronomie
Cinq figures d’astronomie |

Bibliothèque nationale de France

Il l'adapte à tous  les terrains : social (Lettres galantes du chevalier d'Her***, 1683), philosophique (Nouveaux Dialogues des morts, 1683), politique (La République des Ajaoiens, 1684), scientifique (Entretiens sur la pluralité des mondes, 1686), religieux (Histoire des oracles, 1687). Sans participer aux découvertes, il s'attache à la vulgarisation scientifique et philosophique.

Fontenelle méditant sur la pluralité des mondes
Fontenelle méditant sur la pluralité des mondes |

Bibliothèque nationale de France

Carte du ciel
Carte du ciel |

Bibliothèque nationale de France

Puis c'est l'engagement militant dans la cause « moderne » ; viennent l'étayer théoriquement des essais qui sont à l'origine de ce que nous appelons maintenant l'histoire littéraire : De l'origine des fables, Histoire du théâtre français, Réflexions sur la poétique.

L'Académicien et précurseur des Lumières

Sa troisième carrière commence en 1699, lorsqu'il est élu secrétaire de l'Académie des sciences, poste qu'il occupera plus d'un demi-siècle. Il se partage alors entre les salons (chez Mmes de Lambert, de Tencin, Geoffrin, Du Deffand) où il lui reste plus d'un demi-siècle à briller de bons mots et de spirituelles réparties, et l'Académie où il prononce quantité d'éloges de tous les savants français et étrangers (dont Leibniz et Newton).

Il n'y a plus que trente-neuf personnes dans le monde qui aient plus d'esprit que moi.

Fontenelle, Discours de réception à l'Académie, 1847

Est-ce l'équilibre parfait d'un esprit à la fois vif et serein, entreprenant et prudent ? Fontenelle vécut jusqu'à sa centième année, ce qui fait de lui, de ce point de vue aussi, un phénomène : avoir été le contemporain des Provinciales et de La Lettre à d'Alembert sur les spectacles ! Avoir eu vingt ans l'année de Phèdre, et avoir pu entendre parler du Fils naturel !

L’Académie des sciences et des beaux-arts, dédiée au Roi
L’Académie des sciences et des beaux-arts, dédiée au Roi |

Bibliothèque nationale de France

Œuvres de monsieur de Fontenelle
Œuvres de monsieur de Fontenelle |

Bibliothèque nationale de France

Par son engagement dans les querelles du siècle, au côté des Modernes, par ses efforts pour atteindre un public élargi, il apparaît comme le premier de ces polygraphes qui recevront quelques années plus tard le nom de philosophes.

C’était le discret Fontenelle,
Qui, par les beaux-arts entouré,
Répandait sur eux à son gré
Une clarté vive et nouvelle.

Voltaire, Le Temps du goût, 1733.

Provenance

Cet article provient du site Les Essentiels de la littérature (2015).

Lien permanent

ark:/12148/mmdp9xht439x