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Les Avantures de Télémaque
Les Avantures de Télémaque

© Bibliothèque nationale de France

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L’inventaire après décès de la bibliothèque de Saint-Simon constitue un témoignage irremplaçable des sources d’information, des lectures et des goûts de l’auteur des Mémoires.

Les grands recueils d'histoire, de généalogie et de jurisprudence y ont la meilleure part ; il s'est nourri aussi de toutes sortes de « Mémoires », sans distinction d'époque ni de lieu.

Les écrits liés aux tourments de l'Église sont également bien représentés. L'inventaire dressé à la mort de Claude de Saint-Simon permet déjà de révéler la liste des livres qui servirent pour les études du jeune Louis. Saint-Simon possède notamment un ouvrage du Père Jésuite Nicolas Sanadon qui fut son directeur. Le Nouveau Testament du Père Quesnel, traduit en français et avec des réflexions morales sur chaque verset, est également un livre qui compte pour Saint-Simon. La spiritualité et la morale tiennent une place importante dans l’œuvre de Saint-Simon : Pascal (les Provinciales et les Pensées), Bossuet et Fénelon sont pour lui des références.

Saint-Simon s’intéresse particulièrement aux ouvrages qui marquent son époque. Ainsi, il note le succès des Mémoires du cardinal de Retz, recueil mis en vente en 1717, épuisé en quelques mois et qui connaît cinq éditions successives en 1718, et une autre édition plus complète en 1719 : « La lecture des Mémoires du cardinal de Retz, de Joly, de Mme de Motteville, avoient tourné toutes les têtes. Ces livres étaient devenus si à la mode, qu'il n'y avait homme ni femme de tous états qui ne les eût continuellement entre les mains […]. On croyait trouver le cardinal Mazarin dans Law, étranger comme lui, et la Fronde dans le parti du duc et de la duchesse du Maine ; la faiblesse de M. le duc d'Orléans était comparée à celle de la Reine mère. ».En ce qui concerne Voltaire, même si La Henriade figure dans la bibliothèque de Saint-Simon il déplore l’esprit libertin : « Je ne dirais pas ici qu'Arouet fut mis à la Bastille pour avoir fait des vers très effrontés, sans le nom que ses poésies, ses aventures et la fantaisie du monde lui ont fait. Il était fils du notaire de mon père, que j'ai vu bien des fois lui apporter des actes à signer. Il n'avait jamais pu rien faire de ce fils libertin, dont le libertinage a fait enfin la fortune sous le nom de Voltaire, qu'il a pris pour déguiser le sien. ».

Certains titres frappent par leur modernité, tels les nombreux récits de voyages (en Chine, dans l'Empire Ottoman, le monde arabe, l'Amérique et surtout la Moscovie), le Coran, les Mille et une nuits, Robinson Crusoë et les Voyages de Gulliver, figurent parmi les dernières acquisitions de Saint-Simon. C'est la première fois que le public français pouvait lire des récits orientaux. Cette nouveauté s'insère dans l'élargissement général des curiosités au-delà de l'horizon européen, jusqu’alors occupé par la tradition gréco-latine. La philosophie et la réflexion politique y sont représentées par Malebranche, Locke, Montesquieu et Bayle surtout, dont figurent non seulement les Pensées sur la Comète et le Dictionnaire historique et critique, mais même les dix-sept ans de sa publication périodique Nouvelles de la République des Lettres.

L'abonnement au Pour et Contre de l'abbé Prévost n'est pas moins significatif. La bibliothèque comporte enfin des romans libertins et 64 partitions d'opéra, qui provenaient peut-être de la Bibliothèque que la duchesse de Berry avait léguée à Mme de Saint-Simon. Quoiqu'il en soit, la diversité des lectures prouve bien que Saint-Simon, qu'on représente souvent comme un homme du 17e siècle, s'était vivement intéressé aux nouveautés du siècle des Lumières.

Provenance

Cet article provient du site Les Essentiels de la littérature (2015).

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