Au début du 17e siècle, l’Écossais Alexandre Selkirk a vécu sur une île déserte du Pacifique pendant plus de quatre ans. Son récit, publié à son retour, fascine autant qu’il impressionne la société anglaise. À n’en pas douter Daniel Defoe s’en est inspiré, tout comme de la trentaine de récits de voyage qu’il avait dans sa bibliothèque.
Vous utilisez actuellement la version mobile de cette page.
Passer à la vue desktopVous utilisez actuellement la version desktop de cette page.
Passer à la vue mobileRobinson Crusoé
Publié en 1719 en Angleterre, Robinson Crusoé de Defoe a été traduit dès l’année suivante en France. Robinson est un homme d’affaires anglais et un intrépide voyageur. Lors d’un voyage en direction de la Nouvelle-Guinée, il fait naufrage sur une île déserte des Caraïbes où il vivra 28 ans, armé de ses seuls mains et de son ingéniosité pour survivre… jusqu’à sa rencontre avec un indigène, Vendredi.

« Après avoir examiné avec lui les cartes… »
Extrait de Robinson Crusoé de Defoe, édition illustrée de 1893.
Bibliothèque nationale de France

Robinson essuie une terrible tempête
Robinson Crusoé, édition pour la jeunesse. Illustration de G. Fraipont. Chapitre II : Robinson essuie une terrible tempête.
Bibliothèque nationale de France

« La vallée était toute verte et fleurie. »
Extrait de Robinson Crusoé de Daniel Defoe : Robinson découvre explore l’île. Illustration de K. Halswelle et V.-A. Poirson, vers 1900.
Bibliothèque nationale de France

« …Et se relevant bientôt sur trois pieds, il poussa un affreux rugissement »
Illustration de J.-J. Grandville pour une édition de 1912 des Aventures de Robinson Crusoé de Defoe.
Bibliothèque nationale de France

Robinson regarde l’épave du navire
Illustration pour une édition de 1930 des Aventures de Robinson Crusoé de Defoe : Robinson regarde l’épave du navire.
Bibliothèque nationale de France
Les récits de voyage comme source d’inspiration

Les trois états Selkirk : dégradation successive
En octobre 1704, Alexandre Selkirk est débarqué sur une île à 600 km de la côte chilienne, il y restera plus de quatre ans dans la plus grande solitude. Son expérience est rapportée par Edward Cook (A voyage to the South Sean and around the World), Woodes Rogers (A cruising Voyage round the World) et Richard Steele dans le journal The Englishman (1712). À n’en pas douter ce récit est un élément déclencheur de la genèse des Aventures de Robinson Crusoé. Daniel Defoe prend à Alexandre Selkirk maints détails (les deux maisons, les chèvres, la bible) mais développe l’histoire : Robinson reste non pas quatre mais vingt-huit ans sur l’île, et l’aventure est transposée de l’océan Pacifique aux Caraïbes.
© Bibliothèque d’Université Paris Cité, Licence Ouverte

Mappemonde sur laquelle est tracé le voyage de Robinson Crusoé
Robinson Crusoé est un intrépide voyageur et un homme d’affaires. Après avoir quitté York, sa ville natale, il s’installe au Brésil où il devient planteur, puis repart chercher des esclaves en Nouvelle-Guinée, mais il fait naufrage sur une île déserte des Caraïbes où il vivra 28 ans. Découvert par un navire anglais, il repart avec eux et voyagera encore au Portugal, en Espagne, en France, en Chine… Daniel Defoe imagine tant de rebondissements dans sa robinsonnade, qu’il fait dire à son héros, à la fin de l’ouvrage : « C’est par-là que je finis les deux premières parties de l’histoire d’une vie si pleine de révolutions, qu’on pourrait l’appeler une marqueterie de la Providence. On y voit une si grande variété d’aventures, que je doute fort qu’aucune autre histoire véritable en puisse fournir une pareille. Elle commence par des extravagances qui ne préparent le lecteur à rien d’heureux, et elle finit par un bonheur qu’aucun événement qu’on y trouve ne saurait promettre. »
Bibliothèque nationale de France
Le 1er septembre 1651 j’allai à bord d’un vaisseau chargé pour Londres. Jamais infortunes de jeune aventurier, je pense, ne commencèrent plus tôt et ne durèrent plus longtemps que les miennes.
Daniel Defoe, Robinson Crusoé, 1719
De l’Eden à la colonisation
Cueilleur, chasseur, cultivateur, artisan, Robinson gravit rapidement les grandes étapes de l’humanité. Après avoir maîtrisé la nature, il entreprend d’éduquer un « sauvage », Vendredi, et en fait son serviteur. Robinson est donc bien un colon, cherchant à reproduire en des contrées lointaines un mode de vie à l’occidental.

« Pendant bien des années il fut pour moi un serviteur fidèle »
Extrait des Aventures surprenantes de Robinson Crusoé de Defoe. Éditions illustrée d’après Paget, 1893.
Bibliothèque nationale de France

« Vers la fin de décembre, je pus enfin recueillir ma récolte. »
Extrait de Robinson Crusoé de Daniel Defoe : Robinson recueille sa récolte. Illustration de K. Halswelle et V.-A. Poirson, vers 1900.
Bibliothèque nationale de France

Robinson chez lui, avec ses animaux
Illustration pour une édition de 1930 des Aventures de Robinson Crusoé de Defoe : Robinson et ses animaux.
Bibliothèque nationale de France

« Je me vis possesseur d’un canot fort beau »
Robinson Crusoé s’attelle à la construction d’un canot pour aller chercher des vivres, des fusils et des munitions dans le navire échoué à quelques miles du rivage. Sa trouvaille la plus importante est « le coffre du charpentier, qui fut alors, en vérité, une capture plus profitable et d’une bien plus grande valeur, pour moi, que ne l’eût été un plein vaisseau d’or. » (Robinson Cruosé)
Bibliothèque nationale de France

Robinson fabrique de la poterie
Illustration pour une édition de 1930 des Aventures de Robinson Crusoé de Defoe : Robinson fabrique de la poterie.
Bibliothèque nationale de France
Le mythe du bon sauvage
Il s’appellera Vendredi, d’après le jour de sa rencontre avec Robinson qui l’éduquera, lui apprendra l’anglais et les rudiments de la chrétienté. Face à un homme pétri de conventions, Vendredi est d’une spontanéité désarmante. La violence des « sauvages », cannibales, répond à celle des « civilisés », dotés de fusils.

« Je le fis et je le tuai du coup »
Illustration pour une édition de 1893 des Aventures surprenantes de Robinson Crusoé de Defoe : Robinson tire sur un indigène.
Bibliothèque nationale de France

« Étant arrivé près de moi, il se jette à mes genoux »
Extrait des Aventures de Robinson Crusoé, édition illustrée de 1887 : première rencontre entre Robinson et Vendredi.
Bibliothèque nationale de France

« J’entrai en un long discours »
Illustration pour une édition de 1893 des Aventures surprenantes de Robinson Crusoé de Defoe : Robinson enseigne à Vendredi les rudiments de la religion chrétienne.
Bibliothèque nationale de France

Robinson et Vendredi construisent un bateau
Illustration pour une édition de 1930 des Aventures de Robinson Crusoé de Defoe : Robinson et Vendredi construisent un bateau.
Bibliothèque nationale de France
En peu de temps je commençai à lui parler et à lui apprendre à me parler. D’abord je lui fis savoir que son nom serait Vendredi ; c’était le jour où je lui avais sauvé la vie, et je l’appelai ainsi en mémoire de ce jour. Je lui enseignai également à m’appeler maître, à dire oui et non, et je lui appris ce que ces mots signifiaient.
Daniel Defoe, Robinson Crusoé, 1719
Un conte moral
Robinson Crusoé est « le plus heureux traité d’éducation naturelle » selon Rousseau (Émile). Après des avertissements divins (tempête, captivité, naufrage), Robinson fait l’épreuve de la solitude et du dénuement. C’est alors qu’il découvre la bienfaisance divine : la nature offre à l’homme de quoi satisfaire ses besoins élémentaires s’il fait l’effort d’apprendre à regarder et à se servir de ses mains.

« Je priai Dieu »
Extrait des Aventures de Robinson Crusoé de Defoe, édition illustrée de 1887 : Robinson prie Dieu.
Bibliothèque nationale de France
Les robinsonnades
Destiné aux adultes, le roman de Defoe a été adopté par les enfants. La plupart des robinsonnades (le terme existe depuis 1731), dont Robinson Crusoé est le récit fondateur, relèvent de la littérature jeunesse. Le canevas est le suivant : un naufrage sur une île déserte, la rencontre avec l’autre et le retour au monde des hommes.

Robinson suisse
Plat supérieur d’un exemplaire du Robinson suisse de Johann Rudolf Wyss. Édition illustrée de 1876.
Bibliothèque nationale de France

Couverture de L’Île mystérieuse
Publiée par Hetzel en 1875, cette première édition illustrée de L’île mystérieuse est le douzième des soixante-quatre Voyages extraordinaires de Jules Verne. Ce volume constitue, avec Les Enfants du capitaine Grant une suite à Vingt mille lieues sous les mers. On y voit notamment réapparaître le capitaine Nemo.
La recherche de la liberté, la survie en milieu hostile et la question du rachat de la faute constituent les thèmes principaux du roman.
Cinq personnages animent le récit : l’ingénieur Cyrus Smith, son domestique Nab, le journaliste Gédéon Spilett, le marin Pencroff et l’adolescent Harbert.
Pour échapper aux affres de la guerre de Sécession, ils décident de fuir à l’aide d’un ballon, mais échouent sur une île déserte sur laquelle ils s’installent. Dès lors, se pose la question de leur survie, à la manière de Robinson.
Les éditions Hetzel publient l'ensemble des Voyages extraordinaire de Jules Verne dans la collection « Bibliothèque d’Éducation et de Récréation ». Tous les volumes sont relés par ces couvertures très travaillées sur fond rouge.
© Ville de Paris / Fonds Heure joyeuse
Un mythe désenchanté ?
Le roman de Defoe a donné lieu à de multiples réécritures et même à un opéra-comique. Cependant, le mythe est ébranlé au 20e siècle avec la décolonisation. Dans Vendredi ou les limbes du Pacifique, Michel Tournier fait de Vendredi l’égal de Robinson et même son maître, et pas seulement quand il s’agit d’apprendre à jouir du soleil.

Robinson Crusoé
La première représentation de Robinson Crusoé a lieu le 23 novembre 1867 salle Favart, Cormon et Crémieux en sont les librettistes, Offenbach le compositeur. Il est à noter que Vendredi est ici une femme, jouée par Célestine Galli-Marié, qui s’illustrera plus tard dans le rôle de Carmen, dans l’opéra du même nom de Georges Bizet.
Bibliothèque nationale de France

Miss Robinson
Affiche pour Miss Robinson, opérette en 3 actes donnée au théâtre des Folies dramatiques en 1892. Texte de Paul Ferrier, musique de Louis Varney.
Bibliothèque nationale de France
Robinson Crusoé
Couverture d’un exemplaire de Robinson Crusoé de Defoe, édition pour la jeunesse de 1928. Illustration de G. Fraipont.
Bibliothèque nationale de France