Découvrir, comprendre, créer, partager

Focus

Figures de femmes chez Zola
 

Vierge idéale ou femme fatale ?
Olympia
Olympia

Bibliothèque nationale de France

Le format de l'image est incompatible
De Thérèse Raquin à Marianne, en passant par Gervaise, Nana, Denise ou Pauline, d'innombrables figures de femmes traversent l'œuvre d'Émile Zola. Elles portent en elles les contradictions de l’écrivain.

Dessin de costume pour la création de Messidor
Dessin de costume pour la création de Messidor |

Bibliothèque nationale de France

Vénales et corrompues, Nana, Renée ou Thérèse Raquin semblents ouillées par leur sang maudit. Idéales et pures, vierges invaincues ou mères fécondes, comme Désirée, Marianne ou Angélique, la bien nommée, elles sont vouées au martyre ou destinées à assurer la descendance de toute l'humanité.

Nana, la fille de Gervaise, est le « sexe divinisé », la « mouche d'or » qui s'abat depuis la Goutte-d'Or sur les beaux quartiers, la vengeresse du peuple qui « tourne au mythe sans cesser d'être femme » (Gustave Flaubert), mais qui meurt dans les souffrances les plus atroces. C'est l'Olympia de Manet transposée en littérature.

Je ne sais pas d'étude plus attachante que l'étude de la femme dans les annales de l'humanité.

Émile Zola, Dossier préparatoire de L'Œuvre

À l'inverse, dans le sacrifice ou la fécondité, la femme est aussi figure idéale. Elle est dotée par son créateur-Pygmalion d'une longévité éternelle, femme-enfant toujours chaste, « un front borné de jeune déesse », comme Désirée, la sœur de l'abbé Mouret, ou Angélique, la jeune orpheline du Rêve qui s'éteint à la sortie de l'église où son mariage vient d'être célébré.

Nana, "Nana au miroir"
Nana, "Nana au miroir" |

Bibliothèque nationale de France

Femme idéalisée, c'est la femme-mère, lavée du péché originel, le « ventre sacré », telle Marianne, dans Fécondité, la « Cybèle féconde » allégorie de la république naissante.

Dans l'instauration d'une société idéale utopique, c'est à l'homme-rédempteur (l'écrivain ?) que revient la mission de sauver la femme par l'éducation et l'amour, une femme que le Docteur Pascal cherche à soustraire à l'emprise de la religion et de l'Église, clefs du « détraquement » féminin.