Le cadre de vie

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Une famille bourgeoise à la veillée
Dans un confortable intérieur bourgeois italien, une famille se repose des fatigues de la journée ; le père, barbu, en chaude robe longue, attise le feu, la main levée pour se protéger la figure du rayonnement. La mère file sans cesse à la quenouille. Des trois enfants, assis face au foyer, le plus âgé somnole, assis sur un « carreau » (coussin), les deux autres profitent de la chaleur, installés sur un tabouret bas, tandis que les parents disposent de tabourets hauts. La pièce dispose de peu de meubles, ce qui est normal pour l’époque, mais la peinture rouge qui orne les parois et la cheminée, les carreaux losangés de verre à vitre sertis dans du plomb et l’existence supposée d’autres pièces, qu’on devine à gauche, en enfilade, désignent cette maison comme une demeure urbaine habitée par des bourgeois aisés mais non pas riches (observer aussi l’équipement du foyer : une crémaillère, un chenet à crochet, destiné à recevoir des broches, qui suppose que la famille consomme de la viande grillée, rôtie, une alimentation bien supérieure en goût aux mets bouillis des paysans).
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Des accessoires appropriés
En ville, les enfants de familles aisées bénéficient d’un confort bien supérieur à ceux qui vivent dans les châteaux, peu meublés et très mal chauffés, aux murs de pierre bien moins agréables que les salles à pans de bois plâtré des maisons urbaines. Les enfants des riches citadins ont leur propre chambre, située dans un lieu aéré et abrité de la maison, meublée d’un mobilier adapté à leur âge et à leur petite taille : chaises miniatures, petites tables et tabourets bas, berceaux de types divers, déambulateurs (youpalas, alors appelés « chariotes à enfants » ).

La mère
L’allaitement au coin du feu
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Émerveillement autour du nouveau-né : naissance de la Vierge
L’émerveillement du cercle de famille autour du nouveau-né est une scène récurrente dans l’iconographie médiévale. Qu’il s’agisse de Nativités ou de naissances ordinaires, les artistes prêtent la même gestuelle attendrie aux acteurs.
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Alors que les ruraux ne possèdent presque jamais de berceaux pour leurs bébés, en ville un simple artisan n’hésite pas à en faire l’acquisition. Seuls les pauvres ne bénéficient pas d’un tel confort : les nouveau-nés dorment dans un couffin d’osier, dans le lit conjugal ou dans un hamac accroché au-dessus. Les enfants disposent aussi d’une vaisselle appropriée : biberons de terre cuite ou d’étain, minuscules poêlons à bouillie, petites cuillers. On leur réserve des vêtements spécifiques, quoique asexués jusqu’à l’âge de 2 ou 3 ans.

La nourrice
Une nourrice allaite l’enfant dès la naissance, même si la mère a l’intention d’allaiter elle-même, chose rare dans les milieux aristocratiques, car l’on croyait le colostrum nocif. Le bébé est nourri allongé dans son couffin d’osier posé par terre.
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Jeux et jouets
Abondamment signalés dans les enluminures et les sources écrites, souvent retrouvés par les archéologues, les jouets ne manquent pas. Mais ils diffèrent en qualité selon les milieux sociaux. Aux riches et aux enfants de l’aristocratie, les soldats de plomb, les canons en miniature, les échecs, les dînettes d’étain, les poupées sculptées parées de beaux habits. Aux pauvres, les poupées de chiffon et de paille, les jouets fabriqués de bric et de broc : objets modelés dans l’argile, petits cailloux, noix en guise de billes, osselets récupérés dans les déchets alimentaires, cerceaux en cercles de tonneau, pots de terre en guise de ballons, balais transformés en cheval-bâton… Aux enfants des villes et des châteaux, les spectacles de marionnettes. Aux enfants des campagnes, les jeux dans la nature et la participation aux fêtes et aux danses paysannes. Pour tous, les jeux saisonniers : bulles de savon en été, boules de neige en hiver...
Jeux et jouets ont souvent pour mission d’initier les enfants à leurs rôles sociaux ultérieurs. Les petits paysans tirent des charrettes en miniature dans la cour de la ferme, les enfants des ports jouent avec des bateaux de bois dans les rigoles de la ville, les enfants des châteaux jouent à la guerre et font des châteaux de sable… On ne voit guère de filles jouer aux petits soldats ou chevaucher un balai ; mais les garçons comme les filles ont des poupées et des dînettes (le métier de cuisinier est, en milieu aristocratique et en ville, un modèle de profession masculine). On offre aussi des jouets aux petits malades, pour les distraire et les consoler.
À côté des jouets de fortune, objets domestiques détournés ou substituts trouvés dans la nature, il existe de véritables produits fabriqués : certains sont façonnés à temps perdu par les parents, d’autres font l’objet d’un achat, voire d’une fabrication en nombre (sifflets, grelots). Ces pratiques démontrent l’intérêt porté à l’enfance par la société médiévale.
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