Denis Diderot

La nature n’a fait ni serviteurs ni maîtres. Je ne veux ni donner, ni recevoir de lois.
Voltaire le surnommait Pantophile, « l’ami de toutes choses » : s’intéressant à tout, curieux, insatiable, ce fils de maître coutelier de Langres se pique de tout, devient le grand encyclopédiste des Lumières, mais n’échappe pas à la complexité et aux paradoxes. L’auteur du Paradoxe sur le comédien avoue lui-même soumis à cette dualité de caractère, « dogmatique pour, le matin, dogmatique contre, l'après-midi ».
La formation de Diderot dénote une grande curiosité intellectuelle : il suit les études qui lui plaisent, depuis la philosophie jusqu'aux mathématiques et à l'anatomie. En 1746, le libraire Le Breton lui confie la codirection, avec d’Alembert de l’Encyclopédie. Ses travaux vont absorber pendant vingt ans une grande partie de son activité. Malgré de nombreux obstacles, il parvient à conduire l’entreprise au succès, tout en trouvant le temps de se consacrer parallèlement à d'autres travaux personnels : romans, essais philosophiques, drames, critiques littéraires et théâtrales, etc.
Diderot garde de l'idéal de « l’honnête homme » le rejet de la scolastique, l’amour des idées claires, le goût des lettres, la méfiance à l’égard de toute proposition que ne garantit pas l’expérience. À l'évidence cartésienne, il préfère la certitude expérimentale. À l'esprit de système du 17e siècle, il fait succéder l'esprit de l'Encyclopédie, qui cherche à dresser l'inventaire des connaissances humaines et à offrir « un tableau général des efforts de l'esprit humain dans tous les genres et dans tous les siècles ».
Diderot souhaite avoir servi l’humanité en s'attelant à une telle entreprise : investie sur tous les fronts pour les libertés et contre l’intolérance, l'Encyclopédie, diffusée à vingt-cinq mille exemplaires avant 1789, aura été le plus puissant véhicule de la propagande philosophique des Lumières.