Salvator Rosa

« Ordinairement on dit beaucoup de mal des hommes célèbres ; que ce soit par des raisons valables ou non, qu’importe ? C’est ce qui arriva au grand peintre Salvator Rosa, dont les tableaux pleins de vie n’ont certainement jamais été contemplés par mon lecteur sans une jouissance intérieure et toute particulière.
Lorsque la réputation de Salvator se fut répandue à Naples, à Rome, dans la Toscane, et même par toute l’Italie, lorsque les peintres qui voulaient plaire devaient tâcher d’imiter le style étrange de son pinceau, à cette époque même de méchans envieux faisaient naître des bruits fâcheux qui devaient obscurcir la gloire divine de l’artiste. On prétendait qu’à une époque antérieure de sa vie Salvator avait fait partie d’une bande de brigands, et que c’était dans cette société maudite qu’il avait pris les originaux de toutes ces figures féroces, fières, si fantastiquement costumées, qu’il plaça plus tard dans ses tableaux. On disait que les déserts sombres et affreux, les selve selvagge, comme les nomme le Dante, où il s’était tenu caché, étaient fidèlement reproduits dans ses paysages. Mais ce qu’il y avait de pire, c’est qu’on soutenait qu’il avait été entraîné dans la terrible et sanguinaire conspiration, tramée à Naples par le fameux Mas’Aniello, et l’on en racontait les particularités avec les plus petits détails. » (Hoffmann, « Salvator Rosa », Contes fantastiques, traduction de François-Adolphe Loève-Veimars, Eugène Renduel, 1830)
Mots-clés
Bibliothèque nationale de France
-
Date
1845
-
Lieu
Paris
-
Auteur(es)
Ernst Theodor Amadeus Hoffmann (1776-1822), auteur ; Gavarni (1804-1866), illustrateur
-
Provenance
BnF, Réserve des livres rares, RES-Y2-3144
E.T.A. Hoffman, Contes fantastiques, Paris : Lavigne, 1843, p. 17 (face).
-
Lien permanent
ark:/12148/mmqnjjvfv24st