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Les règles calligraphiques

Sûtra de la dharani qui libère de tous les ennemis
Sûtra de la dharani qui libère de tous les ennemis

© Bibliothèque nationale de France

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En Chine, la calligraphie est pratiquée en suivant, avec plus ou moins de talent, des règles fondamentales de tracé des traits. Cela n'empêche pas l'existence d'une grande diversité de styles calligraphiques.

La calligraphie, shufa, signifie « règles ou méthode pour écrire », et non « belle écriture ». On peut manier le pinceau avec plus ou moins de dextérité mais on doit obligatoirement adopter un style qui requiert un apprentissage particulier. Si les combinaisons graphiques sont essentiellement restées stables, grâce notamment à d’importants efforts pour réguler les variantes, les modifications stylistiques ont été nombreuses.

Calligraphie chinoise
Calligraphie chinoise |

© Bibliothèque nationale de France

Le respect de règles

L’élément fondamental de la calligraphie est le respect des règles de structure et de balancement des traits. La mise en page implique, en outre, une maîtrise de l’espacement des caractères, ceux-ci devant se succéder harmonieusement et les colonnes s’équilibrer. La calligraphie joue avec les pressions ou les relâchements du pinceau pour densifier ou alléger les traits. Elle métamorphose l’aspect d’un texte en lui apportant un dynamisme qui insuffle une vie et procure une respiration par le jeu de symétrie et d’asymétrie, entre les espaces blancs et les espaces encrés.

Inscription de la Source douce du palais Jiucheng
Inscription de la Source douce du palais Jiucheng |

© Bibliothèque nationale de France

Inscription du stupa du Bouddha Prabhutaratna du temple du Qianfusi
Inscription du stupa du Bouddha Prabhutaratna du temple du Qianfusi |

© Bibliothèque nationale de France

Un manuel calligraphique résume ainsi : « l’espace vide qui règne entre les lignes comporte des règles, l’espacement ne doit pas devenir éloignement, le resserrement ne doit pas être promiscuité, comme dans le tissage de la soie, le dessin et le fond doivent parvenir à s’accorder parfaitement ».

L’espace réservé à chaque caractère est un carré et celui d’une page de texte est une grille, virtuelle ou matérialisée, dès les plus hautes époques. Le style cursif, qui demande des années d’apprentissage, autorise à s’affranchir de la grille, la taille des caractères n’y est plus uniforme, ce qui accentue le mouvement rythmique de l’ensemble.

Sutra du Bouddha Amitabha
Sutra du Bouddha Amitabha |

Bibliothèque nationale de France

La diversité des traditions calligraphiques

L’acte calligraphique s’inscrit simultanément dans trois traditions : l’une issue de l’art du copiste de sûtras bouddhiques, une autre de la culture aristocratique des cours de la Chine du Sud, la troisième du taoïsme mystique.
La religion bouddhique, introduite en Chine dans la seconde moitié du 1er siècle, développe par la suite un corpus de plus en plus vaste de textes sacrés traduits du sanscrit en chinois, largement diffusés par des moines copistes ou par des fidèles.

Sutra du Lotus de la Bonne Loi
Sutra du Lotus de la Bonne Loi |

Bibliothèque nationale de France

Les sûtras sont généralement écrits dans un style formel qui privilégie la lisibilité, par respect du texte sacré. Beaucoup de ces copies sont de qualité et manifestent le soin particulier tant des scribes impériaux que des milliers de mains anonymes qui transcrivirent patiemment les sûtras. À cet égard, tous les exemplaires du Sûtra du lotus sont emblématiques. La raison en est religieuse puisque l’acte de copie n’est jamais anodin. Il implique l’observation de règles strictes ainsi qu’une période préparatoire de purification. Le copiste en sûtras n’est pas seulement l’agent de diffusion d’un texte, il est aussi le porteur d’une foi religieuse.
Toute l’énergie du copiste se concentre dans la beauté et la régularité calligraphique : l’espacement est régulier et le nombre de signes constant par colonne. Le caractère, dont la composition équivaut à celle d’une image sainte dans la conception bouddhique, se suffit à lui-même.
Une autre tradition calligraphique est issue du taoïsme mystique. Transmise entre initiés, cette écriture secrète resta un monopole aux mains des adeptes tout en influençant le développement de l’écriture chinoise. Certains artistes, au premier rang desquels Wang Xizhi, furent d’obédience taoïste.
Wang Xizhi, lié à la famille royale, apparaît comme le porte-drapeau des traditions aristocratiques du Sud. Cette tradition des lettrés du Sud a ouvert la voie à la calligraphie comme médium de l'expression personnelle.

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