Découvrir, comprendre, créer, partager

Article

Les débuts de la transmission orale du Coran

Versets du Coran en style coufique
Versets du Coran en style coufique

Bibliothèque nationale de France

Le format de l'image est incompatible
Né en Arabie dans une société relativement restreinte, l’islam s’est étendu en moins d’un siècle à une population nombreuse. Une diffusion qui a nécessité rapidement la mise par écrit et la fixation du texte coranique pour éviter toute déformation.

Dans différents points du monde musulman, aujourd’hui comme hier, on conserve des copies du Coran « de ’Uthmân », le troisième calife (règne de 644 à 656), à qui la tradition arabe reconnaît le mérite d’avoir fait mettre par écrit le texte coranique. Ces exemplaires seraient les plus anciennes copies du Coran. Leur examen par les historiens a permis depuis longtemps de constater qu’il s’agissait en fait de manuscrits beaucoup plus récents, la plupart datant du 9e siècle.

Quels sont les plus anciens témoins textuels de la Révélation ? La mise par écrit du Coran a sans doute commencé du vivant du prophète Muhammad : divers témoignages de la tradition musulmane le suggèrent. Il est vraisemblable qu’il ne s’agissait non pas de livres constitués, mais de notes correspondant à des ensembles de dimensions variables. Dans des récits postérieurs, il est question des matériaux hétéroclites qui auraient été utilisés : pétioles de palme, omoplates de chameau, morceaux de cuir ou tessons de poterie. Aucune de ces notations initiales ne nous est parvenue : il est vrai que les sources arabes signalent que le calife ’Uthmân, celui-là même qui selon ces mêmes sources fut à l’origine de la compilation du texte que nous connaissons, donna l’ordre de détruire tous les documents antérieurs une fois réalisée sa recension.

Premières écritures hijâzî
Premières écritures hijâzî |

© Bibliothèque nationale de France

L’un des plus grands corans sur parchemin
L’un des plus grands corans sur parchemin |

© Bibliothèque nationale de France

Les plus anciens manuscrits du Coran qui ont été conservés datent vraisemblablement de la seconde moitié du 7e siècle ; aucun n’est complet, mais près des trois quarts du texte coranique sont ainsi accessibles. Il manque pratiquement le début et la fin, et ce parce que ce sont les portions les plus exposées lors de la manipulation des manuscrits. Leur identification repose sur l’écriture particulière qui est utilisée, le style hijâzî, mais aussi sur des particularités orthographiques qui ont disparu au 8e siècle.

Ce style d’écriture, d’allure élancée mais assez fruste, se distingue par l’inclinaison des hastes ; sa pratique est loin d’être homogène et les différences sont assez importantes d’un copiste à l’autre. Les manuscrits reflètent les pratiques dominantes de l’époque : ce sont des codex de parchemin, de format vertical. Le décor y est inexistant ou réduit à de maladroits motifs géométriques.

Les raisons qui ont poussé à mettre par écrit le Coran, telles qu’elles nous sont rapportées par les sources musulmanes, témoignent d’une grande confiance dans les capacités de l’écriture à assurer la sauvegarde de la Révélation, notamment face aux risques de déformation que lui ferait courir la mémoire humaine. L’examen des manuscrits ou fragments qui peuvent appartenir à la phase la plus ancienne de la transmission écrite invite à plus de réserve : les déficiences de l’alphabet arabe qui ne note pas les voyelles brèves y sont aggravées par la parcimonie avec laquelle les copistes de l’époque emploient les points diacritiques qui permettent de distinguer les unes des autres les lettres de même forme. L’orthographe elle-même est ambiguë sur un certain nombre de points qui seront clarifiés au cours d’une période qui va jusqu’à la fin du 10e siècle.

Lien permanent

ark:/12148/mmqttsfwh8p3s