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Fenêtre sur les trois monothéïsmes
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La naissance des monothéïsmes
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Rencontres, heurts et bonheurs…
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Rencontres, heurts et bonheurs…

© Bibliothèque nationale de France
Saint Paul prêchant
Après sa conversion sur le chemin de Damas, l’apôtre Paul (5-67 apr. J.-C.) est l’un des premiers à transmettre la parole du Christ. Sa prédication est à l’origine des premières églises chrétiennes auxquelles il adressera par la suite des lettres (ou épîtres) pour répondre à leurs questions ou les exhorter dans la foi. Ce sont les premiers écrits du christianisme, datables des années 40-50.
© Bibliothèque nationale de France
Chaque tradition a ses couleurs et ses chemins, ses enlisements et ses fulgurances, figeant parfois le mouvement de la parole jaillie comme une source, ne cessant pourtant de transmettre l’improbable perle, de dresser l’oreille, de continuer les gestes anciens qui interrogent sous le ciel avec la voix, avec les mains, avec le cœur, ou en dansant, et de chercher toujours, s’arrêtant au bord d’un insaisissable, à la frontière d’un silence, d’une nescience.
Les innombrables déchirures, blessures, qui affectent au cours de l’histoire les relations des trois monothéismes entre eux, inviteraient volontiers à l’abandon de toute idée d’Unique, au profit d’un relativisme à coup sûr moins dangereux : l’Unique, revendication hégémonique aux effets meurtriers ou balbutiement partagé d’une transcendance qui échappe à toute prise ?
« Toutes ces lumières proviennent d’un seul soleil », dit le poète Jalâl al-Dîn Rûmî et il raconte à titre d’illustration cette histoire de trois voyageurs fatigués par leur chemin qui se disputaient pour savoir ce qu’ils pourraient acheter pour apaiser leur soif. Le premier disait qu’il voulait acheter de l’üzüm ( « raisin » en turc), le deuxième de l’israfil ( « raisin » en grec) et le troisième de l’inab ( « raisin » en arabe). Un homme qui passait devant eux s’arrêta pour essayer de comprendre l’objet de leur querelle et il leur demanda ce qui leur arrivait. L’un d’entre eux répondit : « Je veux acheter de l’üzüm et lui de l’israfil et lui ne veut que de l’inab. » L’homme leur expliqua alors qu’il s’agissait de la même chose mais dans trois langues différentes.

Le prophète Muhammad en prière
Seul au milieu d’un tourbillon de flammes d’or sur fond pourpre, le Prophète, de vert et de blanc vêtu, se prosterne face contre terre, abîmé dans l’adoration de Dieu.
Le Livre de l’ascension du Prophète, Mi’râdj nâmeh, reprend un épisode esquissé dans le Coran et développé dans la tradition musulmane. Il retrace les étapes du voyage miraculeux effectué en une nuit par Muhammad, transporté jusqu’au trône de Dieu. Monté sur sa jument ailée al-Burâq, il est conduit par l’ange Gabriel de La Mecque à Jérusalem où il célèbre la prière, puis, s’élevant à travers les sept cieux au milieu des anges, il rencontre les prophètes qui l’ont précédé depuis Adam jusqu’à Ibrâhîm. Il atteint, seul, le trône divin, point extrême de son ascension. Son périple, au retour, l’emmène aux portes de l’enfer et du paradis.
Considéré tantôt comme un miracle tantôt comme une vision, le voyage nocturne du Prophète est pour les soufis le modèle du voyage mystique.
Traduit d’un original arabe, cet exceptionnel manuscrit fut achevé dans l’atelier royal timouride de Hérât en 1436 dans un contexte turco-persan ; copié en turc oriental en caractères ouigours, avec des titres en arabe et des légendes en turc et en persan en caractères arabes, il est illustré de soixante-trois miniatures dont l’iconographie s’inspire, pour certaines, de modèles bouddhistes et chamaniques hérités des turco-mongols. Bouddhisme, chamanisme, manichéisme et culte de Zoroastre – l’ Arda viraf nâmeh de la littérature mazdéenne est très proche du Mi’râdj nâmeh– furent particulièrement florissants en Asie centrale jusqu’à l’apparition de l’islam.
© Bibliothèque nationale de France
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De l’esclavage à la liberté
La libération d’Égypte dans cette nuit miraculeuse au cours de laquelle les Hébreux, poursuivis par les Égyptiens franchissent, sous la conduite de Moïse, la mer Rouge à pied sec est l’événement fondateur du judaïsme, la matérialisation dans l’histoire de la promesse faite à Abraham. Le don de la Torah à Moïse sur le mont Sinaï scelle dans la pierre ce geste d’Alliance, et lui donne force de Loi. Ces événements sont dépeints dans les haggadot : ce sont des recueils d’épisodes bibliques, de divers extraits de la Michnah, de poèmes et de chansons relatifs à la sortie des Hébreux d’Égypte et à sa célébration ; les extraits sont disposés selon un ordre qui suit le déroulement de la soirée pascale (seder) où l’on consomme pains azymes et herbes amères en souvenir de la sortie d’Égypte et où on commémore aussi le sacrifice de l’agneau. Cette haggadah exécutée au 16e siècle en Italie (Émilie) dépeint Moïse à genoux sur le mont Sinaï recevant la Loi sous la forme d’un livre.
© Bibliothèque nationale de France
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Nous ne chercherons pas, même à travers le détour d’un récit, à répondre à la question posée, nous voudrions simplement la laisser résonner à cet endroit des mots où ils courent et sont vivants, où ils descendent et se perdent comme les eaux et se chargent en passant d’une épaisseur de sens immémoriale. Entendre cette question auprès du puits, au bord de cet espace un peu à l’écart, à la jonction du clair et de l’obscur, où peut avoir lieu la rencontre avec l’étranger, auprès du puits où il advient que des vérités nomades étincellent par surprise.
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