-
Vidéo
Les livres au Moyen Âge
-
Article
Le parchemin, support privilégié des manuscrits médiévaux
-
Article
La naissance du codex
-
Article
Les écritures des manuscrits médiévaux
-
Vidéo
Quelles ont été les conséquences de la Renaissance carolingienne ?
-
Vidéo
L'écriture caroline
-
Album
Scribes et copistes au Moyen Âge
-
Article
L'enluminure des manuscrits médiévaux
-
Article
Le livre carolingien (8e-9e siècles)
-
Vidéo
Le livre carolingien
-
Album
Les manuscrits enluminés carolingiens
-
Article
L'art roman dans les livres (11e-12e siècles)
-
Article
Le livre à la période gothique (13e-15e siècles)
-
Article
Le mécénat princier
-
Article
Du gothique international au début de l’imprimerie
-
Article
Les Bestiaires médiévaux
-
Article
Le Livre de chasse de Gaston Phébus
-
Vidéo
Le livre des merveilles de Marco Polo
-
Livre à feuilleter
Marco Polo, Livre des merveilles du monde
-
Vidéo
Les drôleries
Le Livre de chasse de Gaston Phébus

© Bibliothèque nationale de France
Le repas de chasse
Pendant le repas de chasse, le seigneur, ici le comte de Foix, a droit à une table dressée en plein air, tandis que ses veneurs se contentent de nappes jetées au sol et partagent les écuelles.
© Bibliothèque nationale de France

Chiens de chasse
Un des rôles des enfants : brosser les chiens.
Bibliothèque nationale de France
Bibliothèque nationale de France
Le Livre de la chasse que Gaston III (1331-1391), dit Gaston Phébus, comte de Foix, dédie en 1389, au duc de Bourgogne, Philippe le Hardi, est un art de vénerie. Ce grand seigneur poète, habile politique et bon administrateur, ami et protecteur des lettres et des arts, vit entouré d'une cour fastueuse. C'est aussi un homme violent, responsable de la mort de son fils unique. Rompu aux exercices les plus brutaux, il est grand chasseur. C'est avec expérience et passion que Gaston Phébus, alors âgé de cinquante-sept ans, rédige ce traité personnel et original, dans un excellent français ponctué de quelques caractères normands-picards, alors que sa langue maternelle est la langue d'oc parlée à la fin du 14e siècle dans le comté de Foix. Il y passe en revue tous les aspects de la chasse médiévale, animaux à chasser, chiens, pages, valets et veneurs, pièges...

Le renard
Dans ce traité de vénerie écrit de mai 1387 à 1389, le comte de Foix Gaston Phébus décrit tous les animaux à chasser ainsi que les différents aspects de la chasse médiévale. Dans cette copie du 15e siècle, le chapitre consacré aux mœurs du renard est illustré d’une peinture représentant l’animal dans toutes les attitudes de sa vie : sortant de sa tanière, courant, à l’affût, attrapant sa proie, la dépeçant…
« Du renard et de toute sa nature
Le renard est assez commune bête, aussi n’y a-t-il pas lieu de le décrire, car il y a peu de gens qui n’en aient vu. Il présente un grand nombre des caractères du loup, car il porte ses petits en aussi grand nombre que la louve, tantôt plus, tantôt moins, ainsi que lalouve ; toutefois il les fait sous terre bien plus profondément que la louve et il est en chaleur une fois par an. Il a la morsure venimeuse comme le loup, et sa vie n’est pas plus longue que celle du loup. [...]
La chasse au renard est très belle, car les chiens le chassent de près, et ils le sentent toujours facilement, parce qu’il fuit les forts pays et que c’est une très puante bête. C’est rarement qu’il consent à quitter un pays et à prendre la campagne, parce qu’il ne se fie ni à sa course ni à sa défense, car il est trop faible, et s’il le fait, ce sera par nécessité et toujours il suivra lecouvert ; et s’il ne se pouvait couvrir que d’une ronce, il s’en couvrirait. Et quand il voit qu’il n’y pourra durer, il se met dans laterre ; et il a ses fosses, qui sont ses forteresses, et qu’il connaît bien. [...]
Il vit de toutes vermines, de toutes charognes etordures ; mais sa meilleure nourriture et celle qu’il préfère, ce sont gélines et chapons, canes et oies, petits oiseaux sauvages quand il les trouve à point, papillons, grillons, lait, fromage et beurre. Ils font grand dommage aux garennes de lapins et de lièvres, qu’ils prennent et mangent volontiers par leur grande subtilité et malice et non pas à la course. Il y en a qui chassent comme les loups, d’autres qui ne vont qu’aux villages quérir leur proie, comme j’ai dit.
Ils sont si malicieux et si subtils que ni hommes ni chiens n’y peuvent remédier ni déjouer leurs ruses. Ils demeurent volontiers dans leurs forts, haies, buissons ou fosses, près des villes ou villages, pour toujours faire mal aux poules et autres choses, comme j’ai dit. La peau du renard est bien chaude pour faire des mouffles ou pelisses, mais ce n’est pas une belle fourrure et aussi elle pue toujours, si elle n’est pas bien préparée. [...] »
Bibliothèque nationale de France
Bibliothèque nationale de France
Le livre se compose d'un prologue et d'un épilogue encadrant sept chapitres dont les deux premiers, « De la nature des bêtes » et « De la nature des chiens », sont un embryon d'histoire naturelle descriptive. Le texte est particulièrement novateur car son auteur laisse de côté toute considération morale pour décrire les bêtes et leurs mœurs selon ce qu’il en sait d’expérience. Il décrit ainsi tour à tour les cerfs, « dont la chasse est la plus noble », les rennes, qu’il a vus sur les rives de la Baltique un jour qu’il était allé porter secours aux chevaliers teutoniques, les daims, les bouquetins et les isards – qui ne sont pas si communs, dit-il –, le chevreuil, agréable à chasser, le lièvre, plein de malice, l’ours, que sa mère lèche à sa naissance – d’où l’expression « un ours mal léché » – et qui grimpe aux arbres, le loup, dont on fait de bonnes moufles, mais dont la peau a une odeur repoussante, le blaireau, le renard, la loutre et le chat sauvage. Puis il étudie les chiens : il loue leur fidélité, leur force, leur obéissance ; il détaille les races et leurs spécialités – les dogues sont « mal taillés et malgracieux » alors que les lévriers sont « courtois et gracieux ».
Gaston Phébus ne dit pas un mot du cheval, qui, pour la chasse, est au Moyen Âge un cheval d’armes. En revanche, il détaille les éléments qui permettent de reconnaître la présence des animaux dans les bois : les frayoirs, c’est-à-dire les endroits où les animaux se sont frottés aux branches, les reposées, c’est-à-dire les lits d’herbes où l’animal s’est couché, les foulées, etc. Il explique ensuite les différents types de chasse, qui sont assez proches de celles que l’on pratique aujourd’hui.
L’œuvre de Gaston Phébus connut un succès certain dans les milieux aristocratiques. De superbes manuscrits illustrés explicitèrent en image son propos. Quarante-quatre copies du Livre de chasse sont actuellement connues. La Bibliothèque nationale de France en conserve au département des manuscrits deux exemplaires :
- le français 619, le plus ancien connu de nos jours
- le français 616, doté de riches enluminures.
Provenance
Cet article provient du site Le Livre de chasse de Gaston Phébus.
Lien permanent
ark:/12148/mm5n6ctzms2b7