Mappemondes médiévales












Du latin mappa mundi, les premières mappemondes reflètent la conception médiévale du monde.
En Occident, elles prennent souvent la forme traditionnelle dite en « T dans l'O » : les trois parties de la terre habitée, inscrites dans le O de l’anneau océanique, sont séparées par un T dont la hampe figure la Méditerranée et les branches l’une le Tanaïs (le Don), limite traditionnelle entre l’Europe et l’Asie, l’autre le Nil, partage ordinaire de l’Asie et de l’Afrique. Ce monde est fini, clos par le cercle océanique infranchissable.
Les mappemondes arabes privilégient pour leur part deux types de représentations : l’une de la terre habitée dans la tradition de Ptolémée, l’autre consacrée au monde musulman rassemblé autour de La Mecque.
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Division de la terre entre les fils de Noé
Cette miniature montre une représentation classique en de la terre en « TO » en haut. En-dessous figure la division du monde entre les trois fils de Noé. En effet, dans la Bible, la terre est partagée entre les trois fils de Noé après le Déluge. Une tripartition en cohérence avec les divisions de la géographie grecque.
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Mappemonde en TO
La figuration du monde en TO est cependant hiérarchisée : l’Asie, par son étendue, deux fois supérieure à celle des autres parties, et par sa situation à la fois orientale et sommitale, occupe une position dominante. Elle joue un rôle privilégié, parfois souligné dans le graphisme de son nom. Tandis que l’Afrique – déclarée dès le 5e siècle par Orose « plus petite et inférieure en tout » – occupe chichement un peu moins de la moitié de la partie inférieure.
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La Terre habitée : fleuves et montagne
Parfois sont représentés les montagnes, “ossature de la Terre”, et les fleuves “qui la parcourent comme les veines d’un grand corps”. Ici, les trois parties du monde sont décalées et les Alpes mises en évidence.
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La Terre, ses fleuves et ses rivières
Entre Ciel et Terre se dresse la demeure dorée du Paradis terrestre d’où coulent les quatre fleuves évoqués par la Bible.
Partie la plus étendue du monde connu, l’Asie culmine au Paradis terrestre. Aux côtés des fleuves et des montagnes, les châteaux indiquent la présence des hommes.
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Le partage de la Terre entre les fils de Noé
Cette miniature ouvre un traité consacré aux provinces du monde. La Terre, inscrite au sein des éléments, est de forme traditionnelle. Au premier plan, les fils de Noé, entre lesquels elle a été partagée, participent à une même scène centrée sur l’Arche. Échouée au sommet du mont Ararat, cette dernière semble au centre de la terre. L’arrière-plan découvre un paysage de rochers, de prairies, de bois et de villes réelles ou imaginaires sous des cieux peuplés de nuages effilochés.
© KBR
La Terre des hommes
La forme traditionnelle du TO tend ici à disparaître derrière la complexité des vignettes représentant les montagnes, les villes et les fleuves.
La Terre, en brun sombre, est de forme légèrement ovoïde. Elle est entourée par l’océan où s’intercalent îles et navires. Sillonnée de fleuves, hérissée de montagnes dressées en grappes multicolores, dominée par le paradis terrestre et les figures d’Adam et Ève, elle offre, par la multiplicité des vignettes représentant villes et provinces, l’image de l’humanité dans l’attente sereine d’un “ciel nouveau et d’une terre nouvelle”.
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Mappemonde d’Ebstorf
Orientée l’est en haut, cette mappemonde figure les trois parties du monde connu, l’Afrique, l’Asie et l’Europe, enserrées entre les bras du Christ. Le jardin d’Éden avec Adam et Ève est représenté à l’est, à droite de la tête du Christ. Au centre est figurée Jérusalem, symbole de la victoire sur les ténèbres et sur la mort. Les pieds du Christ apparaissent ici aux limites de l’Occident, situées en bas de la carte.
Plus qu’une disposition des lieux, la mappemonde indique aussi le sens du temps : “La providence divine, en faisant que les événements qui, à l’origine du temps, se passaient à l’Orient aient pour lieu, en quelque sorte, le début de l’espace, tandis que le centre des choses se déplaçait ensuite vers l’Occident à mesure que le temps s’écoulait vers son terme, a voulu nous amener à comprendre que la fin de notre âge est proche, puisque la marche de l’histoire a déjà atteint l’extrémité de l’espace.” (Hugues de Saint-Victor)
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Mappemonde en forme de “chlamyde”
La Chronique d’Higden est précédée dans nombre de manuscrits d’une mappemonde de forme ovale, dite en “chlamyde”, orientée à l’est, représentant l’œkoumène – l’espace habité – surplombé par le paradis terrestre et entouré par l’océan. Si la Terre n’offre aucune nuance particulière, en revanche certains lieux sont distingués par leur couleur rouge : la mer Rouge, le Paradis terrestre, Jérusalem, Rome, Paris...
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Mappemonde du Beatus de Saint-Sever
Carte de l’évangélisation des nations de la terre par les douze apôtres, la célèbre mappemonde isidorienne (en forme de TO : orbis terrarum) illustre le prologue du second livre du commentaire encyclopédique sur l’Apocalypse que le moine espagnol Beatus de Liebana rédigea vers 885 pour l’instruction de ses frères. S’il ne porte pas, à l’est, les quatre fleuves du paradis (mais Adam et Ève) ni, aux quatre angles, les tombeaux des apôtres – comme c’est le cas pour les plus anciens exemplaires – le présent manuscrit est remarquable par la place qu’il donne à Saint-Sever (Landes) où, vers 1060, il fut copié.
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Une géographie scientifique
Les Arabes, pour leur part, reprennent les travaux des Grecs et font revivre la tradition scientifique de la cartographie. Au 12e siècle le géographe al-Idrîsî, savant arabe vivant à la cour chrétienne de Sicile, établit une carte du monde et rassemble l’essentiel du savoir géographique de son temps.
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Ibn Hawqal, un grand voyageur géographe
Le modèle de la Géographie de Ptolémée se perçoit clairement dans l’œuvre de Mohamed Abul-Kassem Ibn Hawqal. Mais comme souvent dans la cartographie arabe, cette mappemonde est orientée vers le sud (si l’on respecte le sens de lecture du manuscrit) et centrée sur la Mecque. Une bande de terre semble relier l’Afrique et l’Asie, et l’océan Indien occupe une place importante au centre de la carte.
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Une géographie cosmogonique
Avant l’islam, les connaissances géographiques des Arabes se limitaient à quelques notions de cosmogonie héritées de diverses traditions. Certaines d’entre elles exercèrent une profonde influence sur la cartographie arabe, comme la manière de représenter le monde sous forme d’oiseau. Le dessin, assez grossier est néanmoins reconnaissable.
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Bibliothèque nationale de France, 2006