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Condorcet, le chantre du progrès

Portrait de Condorcet
Portrait de Condorcet

Bibliothèque nationale de France

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Grand mathématicien et membre de l'Académie des sciences, Jean-Antoine Nicolas de Caritat, marquis de Condorcet (1743-1794) s'intéresse aussi à l'économie et à la philosophie. Il prend part à la rédaction de L'Encyclopédie et participe à  l'élaboration du mythe du progrès. Engagé dans la lutte pour les libertés, il est l'un des premiers à prendre position contre l'esclavage, pour le droit de vote des femmes et pour le suffrage universel.

Le mathématicien et académicien

Jean-Antoine Caritat, marquis de Condorcet, est un mathématicien remarquable. Secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences, il est élu à l’Académie française en 1782. Ami de D’Alembert, Turgot et Voltaire, il fréquente le milieu des « philosophes » et s’engage dans une activité militante : défense des droits de l’homme en général, des droits des femmes et des Noirs en particulier, soutien aux jeunes États-Unis, et projets de réformes politiques, administratives et économiques. Dès 1789, il multiplie les écrits et collabore à de nombreux journaux et publications. Député à la Législative, Condorcet présente un « rapport et projet sur l’organisation générale de l’instruction publique ».

Condorcet se donnant la mort dans sa prison
Condorcet se donnant la mort dans sa prison |

Bibliothèque nationale de France

À la Convention, il ne vote pas la mort du Roi. Membre du Comité de Constitution, il prépare un projet de constitution dite « girondine », qui rencontre l’hostilité des Montagnards. Décrété d’arrestation en juillet 1793, Condorcet se cache rue Servandoni, chez Mme Vernet, où il demeure jusqu’en mars 1794. Il quitte alors son refuge, et est arrêté à Clamart, le 27 mars. Le lendemain, on le retrouve mort dans la prison de Bourg-la-Reine.

Esquisse d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain, 1795

Il arrivera, donc, ce moment où le soleil n'éclairera plus, sur la terre, que des hommes libres, et ne reconnaissant d'autre maître que leur raison.

Condorcet, Esquisse d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain , Dixième époque, Des progrès futurs de l'Esprit humain, 1795.

Ce texte a été rédigé dans les derniers mois de la vie de Condorcet, alors qu’il se cachait chez Mme Vernet. Il s’agit de l’ « esquisse » d’un projet beaucoup plus ambitieux qui, à partir de la notion de « perfectibilité indéfinie de l’esprit humain », devait retracer les étapes du progrès général de cet esprit à travers l’histoire, dans les domaines scientifiques, moral, et politique.

Jean-Antoine-Nicolas de Caritat de Condorcet
Jean-Antoine-Nicolas de Caritat de Condorcet |

Blbliothèque nationale de France

Jean Huber (dessin)
Jean Huber (dessin) |

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Découpée en dix « époques », l’œuvre se termine par l’évocation de « nos espérances sur l’état à venir de l’espèce humaine », qui « peuvent se réduire à ces trois points importants : la destruction de l’inégalité entre les nations ; les progrès de l’égalité dans un même peuple ; enfin, le perfectionnement réel de l’homme. » L’Esquisse de Condorcet est la formulation la plus caractéristique de ce qu’on a pu appeler l’ « idéologie du progrès ». On retrouve son influence dans les œuvres de Saint-Simon et d’Auguste Comte.

La perfectibilité de l'homme est réellement indéfinie. Les progrès de cette perfectibilité, désormais indépendants de toute puissance qui voudrait les arrêter, n'ont d'autre terme que la durée du globe où la nature nous a jetés.

Condorcet, Esquisse d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain , Introduction, 1795.

Provenance

Cet article provient des Essentiels de la littérature (2015)

Lien permanent

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